Publié le 30 octobre 2024
Après 3 ans de travaux, le synode sur la synodalité vient de rendre ses conclusions. Ce document sur le partage des responsabilités dans l’Église avait fait naître beaucoup d’espoirs, dont celui de voir enfin reconnaître le rôle des laïques et notamment des femmes. Ces espoirs se soldent par une absence de prise de décision forte, ce dont le Comité de la Jupe, association catholique féministe, n’est gère surpris.
Pourtant, on lit dans le document final qu’il « n’y a pas de raison ou d’obstacle qui devrait empêcher les femmes d’exercer des rôles de guide dans l’Église ». Il s’agit d’une intéressante prise de conscience, même si une fois encore, le texte évoque « la place des femmes » comme s’il s’agissait d’êtres particuliers, sans que personne ne questionne la « place des hommes ».
Grâce à la pugnacité des quelques votantes du synode (54 femmes sur 356 participant.e.s), le sujet du diaconat féminin n’a pas pu être mis sous le tapis, même si le paragraphe le concernant reste celui qui a suscité le plus de rejet lors du vote. C’est une maigre consolation, qui ne suffit pas à masquer l’évidence : seul le discours évolue, sans qu’on entrevoie d’action concrète. De même, le Comité de la Jupe regrette que la proposition d’établir un « ministère de la prédication » offrant à des laïcs hommes ou femmes la possibilité de prononcer des homélies (commentaire de la Bible), n’ait pas été reprise dans le texte final.
Le seul moyen aujourd’hui pour les femmes d’obtenir une réelle place dans l’Église serait de reconnaître le rôle de tous ses membres, laïcs et clercs, à part égale. Hélas, même le souhait d’augmenter leur pouvoir, en imposant que la moitié des membres au sein des instances locales (conseils diocésains et paroissiaux,…) ne soient pas choisis par des clercs, n’a obtenu dans le document final qu’une quasi-fin de non-recevoir.
Aux sources du malaise, une vision rigide du pouvoir.
Qu’espérer finalement d’une assemblée qui garde comme base l’idée que « la compétence décisionnelle de l’Évêque [et du Pape] est inaliénable, car elle est enracinée dans la structure hiérarchique de l’Église établie par le Christ » (LG13). Le Comité de la Jupe rappelle qu’il n’est écrit nulle part dans la Bible que le Christ a établi l’Église avec une « structure hiérarchique ». C’est à ce point de départ : la juste interprétation de l’Évangile, qu’il faudrait d’abord revenir.
Nous suggérons donc que soit mis en œuvre concrètement le constat selon lequel rien ne « devrait empêcher les femmes d’exercer des rôles de guide dans l’Église. »
Le Comité de la Jupe, association féministe catholique
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